Présentez… rubans

 

MUSÉE DE LA RUBANERIE

Présentez... rubans

Présenté par : Olivier Clynckemaillie, Conservateur-Directeur, Délégué général

 

En 1905, l'industriel belge Joseph Derville fonde à Comines-France une nouvelle rubanerie rue du Vieil-Dieu, à quelques pas de la gare et de la ligne de chemin de fer. Peu avant le début de la Grande Guerre de 14-18, il s'allie avec Delvoye.

Pour vanter ses produits, Derville fait réaliser de beaux présentoirs qu'il destine à ses nombreux représentants. Au tout début de son aventure textile cominoise, ces outils de promotion sont rutilants, dotés d'une étiquette gaufrée Art nouveau sur couverture noire. Etant volumineux, donc peux pratiques à transporter, Joseph Derville les remplace, vers 1920, par un modèle réduit, plus sobre mais bien plus pratique. C'est celui présenté ci-dessus. Se dépliant comme un accordéon, la pièce de 21,5 x 12, 5 cm est bordée de deux couvertures de carton toilé rouge. Ouverte, elle mesure 1,50 mètres et possède 12 volets, chacun dédié à un type bien précis d'article : 7 sortes de sergés, un de retors, un de gros grains, un extra-fort, un dépassant 8mm/8mm, un padou, et un volet dédié au tubulaire, à la talonnette et au sergé bonneterie.

 

C'est une véritable rubanerie en miniature qui y est enserrée puisque tous les départements s'y trouvent... représentés ! Le tubulaire est un ruban creux à l'intérieur et sert de gaine; le sergé bonneterie est employé pour les bretelles de soutien-gorges, les bords de slips...; la talonnette renforce le bas des pantalons; le padou (ou padoue) est un ruban de fil et de soie; les retors sont composés de fils plusieurs fois tordus, donc plus solides ; les gros grains sont des rubans à la résistance décuplée et les sergés sont des rubans aux côtés obliques.

 

En outre, les huit premières pages de la pièce vantent chacune une marque déposée par Derville et Delvoye, dont nombre célèbrent l'esprit de fierté nationale française : "A la cocarde", "A Bayard, sans peur et sans reproche", "A l'Aiglon". D'autres mettent l'accent sur le patrimoine naturel ("A l'iris") ou sur le côté exotique des colonies ("Au Marocain") tandis que les deux derniers adressent un message plus voluptueux, voire sensuel, à travers deux putti (des angelots) enlacés, soulignés par deux alliances ("A la boucle"). Chaque produit se voit ensuite décliné à plusieurs reprises, selon le titrage (c'est-à-dire la grosseur) des fils employés ou la largeur de la pièce tissée. Voilà, décliné en un mètre cinquante centimètres, tout le savoir-faire cominois du début du XXe siècle ! Assurément, avec une science toute militaire, les représentants de chez Derville et Delvoye se voyaient alors en ordre de marche, prêts à répondre à l'injonction du patron : "Présentez... rubans !"

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