Pétain, bon coup dans le textile ?

 

MUSÉE DE LA RUBANERIE

Pétain, bon coup dans le textile ?​

Présenté par : Olivier Clynckemaillie, Conservateur-Directeur, Délégué général

 

Aujourd'hui, destination Vichy pour prendre les eaux troubles dans les hautes sphères de l'hôtel du Parc ! Maréchal, nous y voilà ! En 1943, les services de l'Etat français font appel au dessinateur Daniel Laborne (1902-1990). Il est notamment connu pour sa série "Lariflette" (1939-1988, contant les aventures de Désiré Lariflette, français moyen ayant été soldat durant la Seconde Guerre mondiale) et pour ses productions humoristiques à destination du quotidien Ouest-France. Au début de sa carrière, Daniel Laborne oeuvre comme dessinateur industriel au sein d'une usine avant de rejoindre la presse.

En 1943, la propagande officielle pétainiste du Ministère de la Production industrielle et des Communications fait appel aux services de ce dessinateur populaire afin de créer le personnage du père Lafouine, chiffonnier de son état. Le but est d'inciter un maximum de gens à échanger leurs vieux habits et autres chiffons pour les transformer en très officiels "points textiles". Créés en 1941 et valables des deux côtés de la ligne de démarcation (qui sera supprimée le 1er mars 1943), ils permettent, quand ils sont honorés (ce qui semble rare), de recevoir du tissu pour se confectionner des habits neufs.

 

Au-delà de sa portée politique, le dessin de Daniel Laborne (dont un autre exemplaire est conservé au musée Carnavalet à Paris) s'adresse d'abord et avant tout aux Français moyens. Le père Lafouine propose même une étrange ressemblance avec des personnages de bandes dessinées populaires issues du patrimoine français. On songe notamment aux "Pieds Nickelés" au moment où ils sont dessinés par Louis Forton (1879-1934) : même gouaille, même veine vernaculaire, mêmes traits gentiment caricaturaux... la résistance face à l'ennemi en moins ! A en croire les historiens, l'aventure des points textiles ne fut pourtant pas une réussite pour le consommateur. Pour la propagande mise en place par Philippe Pétain et ses sbires, elle fut un des nombreux prétextes à rassembler la masse autour de la figure tutélaire, paternelle et "bienveillante" du Maréchal.

Alors, à la question posée en début d'article "Pétain, bon coup dans le textile?", la réponse s'avère des plus... mesurées, les eaux de Vichy de cette époque étant assez troubles, voire troublées, fangeuses !

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