Quand l’art de Degand ne fait pas tapisserie en criant « pouce » !

 

MUSEE DE LA RUBANERIE

Quand l’art de Degand ne fait pas tapisserie en criant « pouce » !

Présenté par : Olivier Clynckemaillie, Conservateur-Directeur, Délégué général

 

Le tissage, c’est à la fois la manière et l’art d’entrecroiser des fils de chaîne et de trame. L’artiste plasticien Michel Degand (Loos-lez-Lille, 1934) l’a assurément bien compris, s’amusant à mettre en musique(s) le vol à voile du fil à toile !

Accrochée aux murs du Musée de la Rubanerie, une tapisserie contemporaine, acquise grâce aux subsides octroyés par le Ministère de la culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique, met en valeur le labeur des hommes à travers l’outil et son ennoblissement. Réalisée par Michel Degand, un artiste du Nord à la réputation internationale, « Empreintes » offre toute la maestria d’un tissage d’art réalisé selon la technique du jacquard. Avec ce qui constitue le point d’identité le plus propre à l’homme, le plasticien évoque combien le geste, combiné à la passion et à la précision, peut fédérer, mutualiser, donner naissance à… Le fait d’agrandir au maximum un détail intime sorti du patrimoine anatomique de tout un chacun participe à la célébration des temps de l’homme et à la cristallisation de ses actes.

S’il est célèbre depuis le début des années 1960 pour ses tapisseries réalisées dans les ateliers d’Aubusson et de Felletin, Michel Degand cherche à transcender son métier et à le faire coller à la réalité contemporaine, y compris industrielle. Ainsi, en 1975, l’artiste frappe une fois encore là où on ne l’attendait peut-être pas ! Délaissant pour un moment les lisses d’Aubusson, il réalise, sous l’égide de l’association « Art de la Lys », une série de deux tapisseries tissées au jacquard dénommées « Empreintes » et éditées chacune à 50 exemplaires.  L’œuvre se présente comme un diptyque rendant hommage au culte de la trace à travers ce que l’être humain possède d’unique : son empreinte digitale. Que cette dernière soit exprimée en positif comme en négatif, elle révèle l’incommensurabilité de l’être, la cristallisation de son patrimoine génétique, sa marque de fabrique et le prolongement de son instrument primordial : la main.

 

Difficile de croire qu’après avoir été dessiné, le motif ait été traduit en cartons perforés qui, lus par une tête de mécanique constituée d’aiguilles horizontales et verticales donnant les impulsions nécessaires à chaque lisse, ont patiemment tissé chacune des lignes de ce tapis d’art. Et pourtant, l’Atelier Art de la Lys qui l’a exécuté d’après les projets du maître-licier a respecté les moindres fioritures pour livrer une œuvre d’art d’exception offrant un prolongement esthétique inattendu à l’outil industriel. La machine et l’homme se mettent alors au diapason du Beau et de l’histoire…

Plus d'infos sur le Musée de la Rubanerie à Comines. 

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